Démarche artistique et ma contribution à l'art contemporain
Szlam signifie
boue, ce qui se décante
Je me définis comme
un artiste idiosyncrasique, ce qui, selon
le critique d’art Donald Kuspit, signifie : uniquement l’artiste singulier
demeurera crédible et convaincant à l’ère postmoderne.
Je suis un artiste émigrant. J’ai
travaillé en Argentine, au Chili, au Canada. En Amérique du Sud, j’ai vécu à
l’époque de la répression et des dictatures militaires. Être artiste et gay
représentait alors une double stigmatisation. Cependant la créativité, la
liberté et l’authenticité ont toujours guidé mon travail artistique, qu’importe
où j’étais et où j’irais.
Le peintre colombien Luis Caballero a soutenu ceci : « À travers la peinture, j’exorcise mes fantômes et mes problèmes humains. J’essaye de les comprendre… de les sentir et de les voir. »
Dès le début de ma démarche artistique, en 1973, j’ai cherché à faire un art en accord avec ma pensée et mes émotions, en m’éloignant des esthétiques de mode et d’un art qui convient à un système conventionnel. Pour moi, la création réfère toujours à un désir, à une nécessité personnelle. L’authenticité suppose un travail en profondeur sur le style qui, lui, devient l’essence même du contenu.
L’œuvre d’art doit toujours chercher
la vérité, parce que la vérité est essentielle à l’existence même de l’artiste.
En art, la connaissance exprime toujours une vision nouvelle et unique de
l’univers. L’artiste voit la réalité avec son propre et inimitable regard.
L’image artistique toujours est une métaphore.
Ce sont les principes avec lesquels je travaille encore et depuis quarante et un ans de carrière. Il n’y a pas une seule trace de peinture, une seule image, une seule parole qui soient gratuites. Par créativité, je comprends : la liberté, l’authenticité, la vérité et un art fait de sentiments qui s’affirment, non pas sur l’acte personnel, mais qui sont au service d’un idéal individuel.
Ce sens donne sa vocation à tout mon
travail.
Ma contribution
Je suis né le 3 janvier 1948 en Argentine. En 41 ans de carrière, j’ai produit 250 œuvres : vidéo, peinture, performances, gravure, livres d’artiste et art postal, expositions individuelles à Buenos Aires, à Santiago du Chili, à Barcelone et au Québec.
J’émigre au Chili
en 1978 et commence à développer mon travail dans les années « 80 dans
un contexte politique, social et culturel de répression pendant la dictature de
Pinochet (1973-1989). L’homosexualité a été légalement pénalisée comme sodomie
jusqu’à la dérogation de la loi en 1999, le Chili étant le denier pays de l’Amérique
du Sud à le faire. Mon art a résisté à une décennie de lutte.
Entre 1985 et 1998, je réalise des œuvres et des expositions à
caractère pionnier et provocateur sans précédent au Chili et en Argentine :
– Para
subir al cielo (Pour monter au ciel) (1987). Une vidéo illustrant un artiste qui commence un fatal
itinéraire en cherchant le sens de la peinture comme profession (sélectionné au Festival de la vidéo de La Haye, Hollande).
– De Van Gogh à Szlam (1988). Une exposition de
peintures présentée au Centre
culturel San Martin, à Buenos Aires. Un acte de rébellion face à la
manipulation commerciale de l’art basé sur deux peintres : Van Gogh et
moi-même, deux artistes pauvres et non reconnus. Vang Gogh lui est devenu un succès posthume.
– Macho + Macho – (1990). Treize peintures de nus masculins de
grand format. Dû à l’impossibilité d’exposition publique, je dessine un
catalogue que j’envoie à de nombreuses galeries et personnalités de ce monde.
- Des las Rosas y otras tribulaciones (Des Roses et autres
tribulations) (1995). Une exposition de peintures et une performance d’art présentées à la galerie de la très conservatrice Université
Catholique du Chili. On accepte le projet pensant à une
exposition de peintures de fleurs sans prendre en compte les tribulations de la
thématique gay implicite dans les œuvres.
– Une étreinte pour le
Chili (1995). Une action d’art qui a consisté à imprimer la
peinture
“L’étreinte ou l’amour qui viendra” et la phrase “Parce que A-MOUR signifie SANS-MORT” du poète
Antonio Gil et à l’afficher dans un panneau publicitaire dans la
rue d’un quartier populaire. En collaboration avec le Centre Culturel Mapocho. Au Chili, première œuvre diffusée en vivo sur Internet. Raul Zurita, poète chilien, a dit : C’est une œuvre sur la
réconciliation dans le sens le plus profond.
– Euroart’ 98 Barcelone (1998). Une exposition de peinture et de lampes, représentant le besoin de
développer une esthétique sur l’amour entre hommes : période de
transition, où la peinture de nus masculins très sexualisés donne place à des
nus masculins sensuels et amoureux. Présentée aussi à Sky dans le village Gay,
Montréal (1999).
Sachant pertinemment
que je ne retournerais pas au Chili — où mon compagnon et moi, et notre fils,
avons été discriminés et harcelés pour notre orientation sexuelle —, nous
sommes arrivés au Québec en 1998 comme réfugiés. Nous avons été la première
famille homoparentale acceptée au Canada.
Face à la difficulté de poursuivre mon travail vu le manque de moyens financiers et d’infructueuses démarches pour obtenir de l’aide des ressources québécoises et canadiennes, j’ai décidé de continuer mon travail en cherchant de nouvelles formes d’expression.
Partir
c’est mourir… (À la recherche de la terre promise) (2001-2011) Journal d’artiste qui rassemble mon
histoire et mes sentiments pendant la période d’immigration, la plus difficile.
La Bibliothèque et Archive nationale du Québec en achète un exemplaire (231
pages, imprimé à compte d’auteur).
L’histoire d’Iosele Putzele (2011-au présent). Histoire basée sur ma mémoire biographique de trois générations
d’immigrants : mes parents polonais, moi-même et mes enfants. Je cherche encore des moyens pour finir ce projet
(194 pages).
Témoignage 2018. Vidéo dans
laquelle je parle de mon histoire et signale les difficultés que j’ai eues à
trouver de l’aide pour mon travail au Canada.
Dans l’ample parcours de ma trajectoire, mon œuvre a reçu des
éloges comme des refus vu sa thématique expressive. J’étais en avance sur ma
génération, à cette époque où les idées de diversité culturelle, de genre et
d’intégration étaient une menace, car exposer sa pluralité était sciemment omis
du discours social. Mon œuvre est un précédent pour les nouvelles générations.
Sa hardiesse, sa liberté et son compromis affectif peuvent servir d’inspiration
aux jeunes artistes, tout comme leur faire prendre conscience de l’importante étape
de notre histoire sous la répression.
Voilà ma contribution à l’art contemporain, un art
sans frontières.
Commentaires
Publier un commentaire